Été 1967. Les États-Unis connaissent une vague d’émeutes sans précédent. La guerre du Vietnam, vécue comme une intervention néocoloniale, et la ségrégation raciale nourrissent la contestation. À Detroit, alors que le climat est insurrectionnel depuis deux jours, des coups de feu sont entendus en pleine nuit à proximité d’une base de la Garde nationale. Les forces de l’ordre encerclent l’Algiers Motel d’où semblent provenir les détonations. Bafouant toute procédure, les policiers soumettent une poignée de clients de l’hôtel à un interrogatoire sadique pour extorquer leurs aveux. Le bilan sera très lourd: trois hommes, non armés, seront abattus à bout portant, et plusieurs autres blessés…
Je ressens rarement la tension devant un film. C'est rare que je me dise "ok, là c'est difficile, finis la scène stp". Que j'aie limite envie d'avancer, voire, parfois, de tourner le regard.
Le chapitre du motel est l'une choses les plus intenses que j'aie pu voir au cinéma depuis longtemps. Je n'avais qu'une envie, c'est que ça s'arrête. C'était affreux. Et de ne pas savoir le dénouement était pire.
Mais, forcément, l'inévitable arrive lorsqu'on sort du motel. La tension redescend. Remonte un chouia, puis redescend à nouveau, pour ne jamais remonter.
Evidemment, ce n'est pas le but du film. De garder ce niveau de tension tout le long. Et l'horreur, le drame, qui suivent l'hôtel, sont bien plus insoutenables, en soi. Mais c'est ce que j'ai ressenti.
C'est un très grand film. Mais je trouve ses deux précédents plus percutants, puissants, voire même, plus maitrisés.
Putain de réalisatrice.
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Message n° 4253373, posté par koni à 11:45 le 17/10/2017
N'oublie pas que la scène du motel est vraiment longue et se déroule en quasi huis clos. L'espace est volontairement réduit pour être suffoquant et insupportable.Son but est de nous faire étouffer, d'avoir qu'une envie, de sortir, d'hurler.S'il te semble moins percutant, c'est, je pense parce qu'il est moins spectaculaire, moins "aimable", moins facile contrairement à ses deux précédents. Mais autrement plus important, non ?Même si j'aime beaucoup ce qu'elle fait de toute façon.Sacrée Kathryn.
: N'oublie pas que la scène du motel est vraiment longue et se déroule en quasi huis clos. L'espace est volontairement réduit pour être suffoquant et insupportable.Son but est de nous faire étouffer, d'avoir qu'une envie, de sortir, d'hurler.S'il te semble moins percutant, c'est, je pense parce qu'il est moins spectaculaire, moins "aimable", moins facile contrairement à ses deux précédents. Mais autrement plus important, non ?Même si j'aime beaucoup ce qu'elle fait de toute façon.Sacrée Kathryn.
Ah mais évidemment. Je pense absolument chaque lettre de ce que tu as écrit, j'ai juste oublié d'écrire que le film était bien plus important, d'autant plus qu'il est quand même sacrément d'actualité.
Je pense aussi en effet qu'elle voulait évidemment qu'on "prenne du plaisir", quel qu'il soit, devant ses deux précédents et que là, elle voulait uniquement nous donner envie de vomir.
C'est donc pas étonnant que le film soit constamment à la frontière du documentaire.
Bref, je ne pourrais pas assez vous conseiller à tous d'aller le voir. C'est vraiment du grand cinéma.
-- J'AIME FINALLY
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1.00
Message n° 4253400, posté par bonakor à 16:20 le 17/10/2017
Beaucoup aimé aussi. Première fois que dans une salle, je sentais vraiment les gens étouffer et être choqués par tout ce qu'il se passait à l'écran.
-- «Que deviennent les rêves qui se brisent ? — Les rêves ne se brisent pas. — Que deviennent les rêves qui se brisent ? — Le terreau des rêves à venir.
Message n° 4253776, posté par kelidric à 12:11 le 22/10/2017
J'ai bien aimé, dans le genre "bon film que je ne veux jamais revoir". La scène du motel est effectivement très dure à supporter (je me cachais presque les yeux pour ne pas voir, bien plus que pour n'importe quel film d'horreur), mais à ce sujet je me fais tout de même une réflexion concernant le message du film.
Je m'attendais à ce que Bigelow nous montre un racisme et une violence généralisés, étatiques, institutionnels, ce qui rendrait toute la situation d'autant plus injuste et rageante : comme l'indique le texte du début, les minorités reléguées dans des ghettos n'ont guère de chance de trouver du travail, d'où pauvreté, d'où violence, indirectement encouragés par l'Etat qui a créé cette situation et l'encourage par la répression plutôt que d'y apporter des solutions.
Je trouve que c'est suggéré en filigrane, notamment par l'injuste verdict final (qui est du coup nécessaire pour conclure à mon sens), mais pas du tout pendant la scène du motel qui est le coeur du film. Les policiers qui y sont représentés n'obéissent à aucune règle, aucune loi : ce sont des psychopathes ni plus ni moins. J'aurais trouvé beaucoup plus fort (mais peut-être trop éloigné de la réalité, je ne sais pas) qu'ils soient au contraire missionnés légalement pour faire ce qu'ils font, avec la bénédiction des autorités. Là ils sont juste fous et expriment leur racisme avec la protection de l'uniforme, donc on peut se dire qu'au fond, ce sont juste des "pommes pourries", qu'ils ne représentent pas toute la police, et se rassurer en se disant que le système est sauf et fonctionne puisqu'ils sont poursuivis - même si il y a encore du chemin à faire vu le verdict, encore une fois.
Et je trouve aussi qu'il y a quelques maladresses pour justement montrer qu'"ils ne sont pas tous comme ça", notamment quand un policier recueille le chanteur blessé à la fin en lui disant "Comment peut-on faire ça à un autre homme ?", message directement adressé, presqu'en clin d'oeil, au spectateur en lui disant : vous voyez, il ne faut pas désespérer de la police, ce sont les autres qui sont une anomalie. Idem avec les gardes qui savent pertinemment que les droits civiques sont bafoués. Oui d'accord, mais ce qui est arrivé est quand même arrivé et ceux qui sont morts n'ont reçu aucune forme de justice.
Du coup je ne sais pas vraiment à qui s'adresse ce film ni quel est son message au fond. Un spectateur blanc peut se se reconnaître dans le gentil policier à la fin, en se disant que lui il aiderait au lieu de s'enfuir. Un issu des minorités pourrait être tenté de diriger sa colère uniquement contre les individus qui les opressent, et pas contre les institutions. Mais je n'ai pas l'impression que ce soit la réalité dans aucun des cas.
-- je parles pas au cons sa les instruits
*édité à 13:42 le 22/10/2017
Message n° 4253875, posté par FP Unchained à 03:23 le 23/10/2017
: Je trouve que c'est suggéré en filigrane, notamment par l'injuste verdict final (qui est du coup nécessaire pour conclure à mon sens), mais pas du tout pendant la scène du motel qui est le coeur du film. Les policiers qui y sont représentés n'obéissent à aucune règle, aucune loi : ce sont des psychopathes ni plus ni moins. J'aurais trouvé beaucoup plus fort (mais peut-être trop éloigné de la réalité, je ne sais pas) qu'ils soient au contraire missionnés légalement pour faire ce qu'ils font, avec la bénédiction des autorités. Là ils sont juste fous et expriment leur racisme avec la protection de l'uniforme, donc on peut se dire qu'au fond, ce sont juste des "pommes pourries", qu'ils ne représentent pas toute la police, et se rassurer en se disant que le système est sauf et fonctionne puisqu'ils sont poursuivis - même si il y a encore du chemin à faire vu le verdict, encore une fois.
Ouais mais enfin... T'as pas mal de flics de la ville qui sont comme ça, t'as les militaires qui ferment les yeux, et t'as la police d'état qui tourne le regard et qui fuit la situation...
Oui, les supérieurs les traquent, mais à part ça..
: Et je trouve aussi qu'il y a quelques maladresses pour justement montrer qu'"ils ne sont pas tous comme ça", notamment quand un policier recueille le chanteur blessé à la fin en lui disant "Comment peut-on faire ça à un autre homme ?", message directement adressé, presqu'en clin d'oeil, au spectateur en lui disant : vous voyez, il ne faut pas désespérer de la police, ce sont les autres qui sont une anomalie. Idem avec les gardes qui savent pertinemment que les droits civiques sont bafoués. Oui d'accord, mais ce qui est arrivé est quand même arrivé et ceux qui sont morts n'ont reçu aucune forme de justice.
Mais celui qui dit ça fait justement partie de ceux qui ont fui alors qu'ils savaient ce qui se passait.
-- J'AIME FINALLY
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Message n° 4253970, posté par bonakor à 22:30 le 23/10/2017
: Je trouve que c'est suggéré en filigrane, notamment par l'injuste verdict final (qui est du coup nécessaire pour conclure à mon sens), mais pas du tout pendant la scène du motel qui est le coeur du film. Les policiers qui y sont représentés n'obéissent à aucune règle, aucune loi : ce sont des psychopathes ni plus ni moins. J'aurais trouvé beaucoup plus fort (mais peut-être trop éloigné de la réalité, je ne sais pas) qu'ils soient au contraire missionnés légalement pour faire ce qu'ils font, avec la bénédiction des autorités. Là ils sont juste fous et expriment leur racisme avec la protection de l'uniforme, donc on peut se dire qu'au fond, ce sont juste des "pommes pourries", qu'ils ne représentent pas toute la police, et se rassurer en se disant que le système est sauf et fonctionne puisqu'ils sont poursuivis - même si il y a encore du chemin à faire vu le verdict, encore une fois.
Perso, je l'ai senti quand même assez institutionnalisé. Ils disent "c'est une technique, tout ça". En mode, pas la première fois qu'ils le font (même si en effet, tous ne sont pas au courant)
-- «Que deviennent les rêves qui se brisent ? — Les rêves ne se brisent pas. — Que deviennent les rêves qui se brisent ? — Le terreau des rêves à venir.
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