Je m'attendais à être fortement déçu, j'hésitais même à aller le voir au vu des critiques, mais j'ai passé un très bon moment.
Il y a de (trop) nombreuses ellipses, surtout au début, dûes à la durée raisonnable du long-métrage compte tenu de la période à couvrir, et à la place importante qu'il consacre au concert du Live Aid sur lequel il se termine. Tout va un peu trop vite, mais cela met aussi en lumière l'ascension fulgurante du groupe dès ses débuts.
Rami Malek accomplit un boulot fantastique qui n'a pas dû être simple tous les jours, et éclipse naturellement tous les autres acteurs qui font pourtant du bon boulot. Curieusement, c'est celui des quatre membres qui ressemble le moins à son personnage dans la vie, vu que pour les autres ils ont réussi à trouver des quasi-sosies, c'est impressionnant. Il y aussi pas mal d'humour plutôt bienvenu au travers de leur relation, entre complicité et coups de gueule.
Contrairement à ce qu'on aurait pu croire, le film ne fait pas l'impasse sur les hauts et les bas de la formation et surtout de son leader Freddie Mercury, dont les frasques ne sont pas du tout passées au silence, tout juste graphiquement édulcorées, ce qui reste normal et attendu pour un film tout public.
Mais ce sont évidemment les chansons du groupe qui rythment le film, de la culte Bohemian Rhapsody qui lui donne son titre à We Are The Champions qui clôt le set du Live Aid, en passant par un nombre incalculables de tubes. Le coeur du film est là, dans une suite de chansons incroyables qui rappelle à quel point Queen a marqué de son empreinte la culture musicale des années 80.
C'est aussi pour moi le problème du film, qui peine à trouver une réelle identité, écrasé par le poids de la légende, écartelé entre la volonté de laisser entrevoir l'intimité parfois dérangeante du chanteur et celle d'en laisser comme hommage le seul souvenir du magistral artiste qu'il était.
Enfin, présenter en guise de conclusion la quasi-intégralité des 20 minutes du concert du Live Aid, dans une recréation d'anthologie il faut bien le dire, est sans doute un peu "facile". Ce n'est pas un documentaire, mais on n'est plus vraiment dans un film de fiction, ce n'est plus du biopic mais une photocopie du réel, et on oublie alors tout travail narratif (hormis les regards entre May et Deacon qui en disent long et que sauf erreur on ne perçoit pas dans la captation live) et de construction d'une histoire, il n'y a plus d'enjeux, on est seulement aux premières loges d'un concert historique.
Mais c'est une scène fantastique pour tout fan du groupe, il n'y a rien à dire. On est traversé d'émotion pendant tout ce final, c'est assez magique ce qu'ils sont arrivés à faire. J'en suis sorti assez secoué.
Et enfin j'ai rarement vu (à part pour les Marvel) autant de personnes rester dans la salle pendant tout le générique de fin, se clôturant (évidemment) sur la sublime The Show Must Go On.
Définitivement une réussite formelle pour tout l'aspect artistique, j'aurais sans doute préféré que le film fasse moins figure de best-of de leurs chansons et s'intéresse à davantage d'aspects de la riche histoire du groupe, mais le résultat reste tout de même très satisfaisant et se conclut d'une manière tout à fait vertigineuse.
Je recommande.
-- je parles pas au cons sa les instruits
Message n° 4278653, posté par FP Unchained à 20:10 le 06/11/2018
Si le film était sorti à n'importe quel autre moment de l'année, il aurait peut-être pu faire illusion. Mais il sort 3 semaines après First Man. Et il souffre énormément de la comparaison.
Je suis de plus en plus fatigué par les biopics. La plupart d'entre eux ne ressemblent plus qu'à des pages wikipedia à peine mises en scène. Et lorsqu'il s'agit des biopics musicaux, il y a un énorme côté attrape-pigeon qui est très énervant puisqu'ils sont toujours construits selon un pattern de greatest hits.
Toutes les X minutes, une chanson est balancée au spectateur fan de l'artiste qu'il est venu voir, et il doit s'en convenir. Pire, il ne doit pas s'offusquer lorsque celles-ci sont coupées dés le premier couplet passé. Cette offense à la musique de ces artistes enlève alors à ces films le peu d'âme qu'il leur restait.
Alors, quelle est la différence entre ce Bohemian Rhapsody et les biopics musicaux français comme Dalida et Cloclo ? Il n'y en a pas. Je dirais même qu'il y a plus d'idées de mises en scène dans Cloclo que dans ce Bohemian Rhapsody. Ces films ne sont pas faits par des passionnés (et même parfois, par des metteurs en scènes), mais par des costards-cravates dans des bureaux et des yes-men sur les plateaux. Je préfère ne pas imaginer ce qu'Edgar Wright aurait pu donner sur un tel projet, je risquerais de pleurer.
Je reviens donc à ma comparaison avec First Man. Pour la première fois depuis très longtemps, un biopic ne sert plus seulement à être une page wikipedia. Il est mis en scène. First Man, c'est 2h30 de trouvailles visuelles, d'intelligence dans la mise en scène. Chazelle raconte quelque chose avec sa caméra, pas seulement avec son scénario. Il y a plus d'idées de mise en scène dans les 20 dernières minutes de First Man que dans l'intégralité de ce Bohemian.
L'autre point énervant de ces biopics musicaux est le personnage principal. Rami Malek n'existe (presque) jamais derrière son maquillage et ses perruques, quand Ryan Gosling est Ryan Gosling, joue comme Ryan Gosling mais en interprétant une personnalité plutôt qu'en faisant un travail de mimétisme.
Puisque le visage de Malek ne peut plus exister derrière tout ça, derrière tous ces artifices à la limite de la uncanny valley par moments, il ne lui reste que son corps. Et oui, sa façon de se mouvoir à la Freddy Mercury est intéressante. Mais le film ne le laisse (presque) jamais pouvoir tout donner. Toutes les scènes de concert sont survolées ou filmées de si près qu'on ne peut apprécier la performance. Et il n'y a qu'au moment du dernier concert que l'on peut enfin être béat devant la performance de Malek qui devient impressionnante parce qu'elle est enfin montrée dans son intégralité. Enfin montrée en plans larges. Enfin montrée dans des scènes qui durent et qui ne sont pas coupées avant même d'être commencées.
Ceci vaut aussi pour le reste. Si Bohemian Rhapsody est un film extrêmement plat, sans la moindre idée de mise en scène, à la réalisation plan-plan et ennuyeuse, il a au moins le mérite de se servir de cette sobriété à partir du moment où Freddy décide de se lancer en solo. A partir de là, et lorsque le film arrête les ellipses ponctuées par l'album Best-Of du groupe, le ton calme et le côté terre-à-terre (et heureusement, parfois proche des visages) de la réalisation permet de véritablement entrer dedans et d'être particulièrement ému. Et alors, que dire du dernier concert, absolument magistral, et qui contient en lui seul plus d'idées que tout le reste du film.
Je m'attendais à un mauvais film édulcoré, j'ai eu un film schizophrène, tantôt allégorie de l'absence de cinéma, tantôt vrai et touchant dans son propos.
-- J'AIME FINALLY
Holding out for a hero ?
*édité à 20:21 le 06/11/2018
2.46
Message n° 4278665, posté par Batefer à 23:16 le 06/11/2018
: Si le film était sorti à n'importe quel autre moment de l'année, il aurait peut-être pu faire illusion. Mais il sort 3 semaines après First Man. Et il souffre énormément de la comparaison.
C'est tellement ridicule de comparer les deux, je vais même pas plus loin.
Et puis First Man c'est bien gentil, mais y'a pas UNE scène de concert de tout le film. Franchement, on se moque de qui ?
-- je parles pas au cons sa les instruits
Message n° 4278872, posté par FP Unchained à 14:23 le 10/11/2018
Il faudrait que je revoie Walk the line, que j'avais adoré à sa sortie, mais j'avais un peu 12-13 ans quoi.
Même si je doute que Mangold ait proposé une caméra aussi feignante et un script aussi convenu que Fletcher-Synger (ça donne envie pour le truc sur Elton John)
-- J'AIME FINALLY
Holding out for a hero ?
Message n° 4278879, posté par Batefer à 15:39 le 10/11/2018
: Même si je doute que Mangold ait proposé une caméra aussi feignante et un script aussi convenu que Fletcher-Synger (ça donne envie pour le truc sur Elton John)
Fletcher n'a bossé sur le film que 15 jours, n'a pas supervisé le montage final (c'est Snyder), et personnellement j'ai beaucoup aimé son précédent Eddie the Eagle.
-- je parles pas au cons sa les instruits
Message n° 4278914, posté par FP Unchained à 19:04 le 11/11/2018
: Fletcher n'a bossé sur le film que 15 jours, n'a pas supervisé le montage final (c'est Snyder), et personnellement j'ai beaucoup aimé son précédent Eddie the Eagle.
D'accord, tu me rassures pour le biopic alors.
Et je suis d'autant plus étonné poru Synger, dans ce cas.
-- J'AIME FINALLY
Holding out for a hero ?
Message n° 4282891, posté par chiiz à 11:42 le 04/02/2019
J'ai pas passé un moment désagréable, le film est beau techniquement, mais c'était pas terrible. Ce ne rend aucunement hommage ni à Freddie Mercury ni à Queen.Rami Malek. J'ai du mal à l'encadrer. Il fait de son mieux, mais il en fait trop. Fail.La plupart des événements qui rythment le film sont déformés ou faux. Fail.Mise à part la séquence de concert de fin qui émoustille un peu, y a pas beaucoup matière à vibrer.
Je l'ai vu hier soir et je suis resté sur une impression de biopic "bof". C'est pire avec le recul. Je m'attendais à rien, mais je suis déçu.
Mais je suis d'accord pour dire que ça a la gueule d'un mauvais téléfilm. La mise en scène est soit inexistante, soit atroce vu que les rares "idées" sont des flops. Il n'y a que le concert qui est intéressant.
-- J'AIME FINALLY
Holding out for a hero ?
Message n° 4282909, posté par koni à 14:19 le 04/02/2019
C'est marrant que vous parliez tous du concert. Pour moi c'est quasi un copier/coller de la réalisation TV de l'époque. Donc, aucun intérêt. Enfin, bon, c'est sans importance. Mieux vaut aller voir Border.