Batefer
Ce que je retiens, ce sont des moments assez incroyables alternant avec d'autres extrêmement douteux.
Le film commence par quinze bonnes minutes de narration en voix-off, suivies pendant une bonne partie du film par des dialogues d'exposition insérés dans la narration d'une manière aussi maladroite que possible.
À plus d'une occasion, des personnages expliquent certaines notions, ou présentent des lieux ou des situations, à d'autres personnages qui devraient déjà les connaître depuis longtemps vu leur background (qu'on nous a donc lourdement présenté).
C'est ce que j'appelle de l'écriture paresseuse. Je trouve vraiment étonnant que Spielberg, dont on ne peut jamais mettre en doute la sincérité et la passion, ne se soit pas entouré d'auteurs plus compétents, surtout pour un tel projet, même si l'auteur du bouquin (dont ce n'est qu'une très vague adaptation, pour être clair là-dessus) y a semble-t-il participé.
Il y avait pourtant matière, rien que sur ce plan, à faire une séquence de présentation de ce monde virtuel quelque chose de spectaculaire et grandiose. Mais c'est plat, ce début n'est pas emballant du tout, on nous présente A, B et C d'ue manière linéaire, didactique, et tout sauf excitante : on est loin de l'orgasme à geeks annoncé.
Ça s'emballe un peu plus par la suite, malgré une narration toujours foireuse et de nombreuses incohérences et autres coïncidences trop faciles pour être honnêtes. Les personnages qui sont là où il faut au bon moment, les simultanéités d'événements bien pratiques, encore une fois c'est écrit à la va comme je te pousse. Les actions de l'antagoniste principal n'ont à peu près aucun sens, jusqu'à une scène finale totalement facepalmique.
En ce qui concerne le coeur du sujet qu'est l'OASIS, on nous annonce tout de go que tout y est possible, et certains mondes bien alléchants sont littéralement survolés en introduction... pour ne plus jamais y revenir par la suite. On reste dans des mondes assez basiques, des décors urbains, une salle techno, une plaine sans âme pour le combat final... tous sauf l'idée de génie du film qui est à l'origine de sa meilleure séquence, la recréation de l'hôtel Overlook de Shining : c'est absolument bluffant et je pense sincèrement que le film vaut le déplacement rien que pour cette scène qui fourmille de détails assez dingues.
Mais mon avis au fond est que le film ne va jamais au bout de son concept. Ça paraît fou avec un tel réalisateur à la barre, et tout le cinéma qu'il représente (c'était vraiment lui ou personne pour faire naître un tel projet), avec toutes les licences dont on savait à l'avance qu'ils loueraient les droits, avec une telle idée et l'argent derrière pour l'exécuter comme il se doit... ça reste exactement à la surface de son potentiel.
Un exemple : le héros conduit la DeLorean de Retour vers le Futur. Cool. Mais qu'est-ce que le film en fait ? Rien, absolument rien. C'est à dire qu'il la conduit mais ça pourrait être n'importe quelle voiture. On aurait pu imaginer (avec des auteurs ayant un peu plus d'imagination, bon sang) qu'il y ait l'exploitation de ce qu'elle représente, pas forcément le voyage dans le temps en soit, mais qu'il y ait quelque chose de fait avec les 88 miles à l'heure, un lien plus fort avec les films, mais non. Je ne suis même pas sûr qu'on aperçoive le convecteur temporel à un moment. Il y a bien un dispositif de recul dans le temps dans le film (appelé "cube de Zemeckis", histoire de remuer le couteau dans la plaie), mais aucun lien avec la voiture. C'est vraiment un acte manqué et pratiquement tout le film m'a laissé cette impression de potentiel gâché.
Pour tout dire, on ne voit pas vraiment beaucoup plus de licences que dans les différentes bandes-annonces : Batman par-ci, Chucky par-là, ce ne sont que des clins d'oeil sans incidence sur l'histoire. Même le Géant de Fer (pas très respecté du point de vue de la personnalité au demeurant) n'était pas une surprise. Le seul gros ajout est Mechagodzilla, qui m'a surpris car je ne pensais pas que la Toei en cèderait les droits. Sans doute était-ce plus facile pour celui-là que pour le "vrai".
Même la scène dans Shining, aussi bien faite soit-elle, a un goût de trop peu : on ne voit jamais les acteurs du film, il n'y a aucune interaction avec ses personnages (sauf un en fait, mineur), alors que là encore tout était possible avec la technologie d'aujourd'hui (et que le livre allait beaucoup plus loin avec le concept de jeu-dans-le-film).
Je suis surtout critique mais ça reste extrêmement divertissant et prenant, pourvu qu'on fasse abstraction de ces scories narratives qui m'ont sorti du film à plusieurs reprises. J'attendais quand même plus de Spielberg avec ce matériel et cette idée. La base est là mais ça ne va pas assez loin. J'en sors avec un goût de trop peu. Mon niveau d'exigence était sans doute trop élevé mais je n'ai à aucun moment été surpris ou touché.
Le public à qui le film s'adresse est également un point d'interrogation pour moi puisque Spielberg ne revisite pas vraiment ses propres franchises, contrairement à ce qui était tacitement promis par son implication.
Et ce problème de l'incompréhension des auteurs avec leur sujet demeure jusque dans le générique de fin : pour un film reposant quasi-intégralement sur la notion d'easter eggs, c'est une vraie surprise qu'il n'y en ait pas un seul durant les crédits ou après.
Musicalement, j'étais assez enthousiaste à l'idée de retrouver Alan Silvestri à la partition, lui qui a composé certains de mes scores préférés. Là tout de suite, juste après le film je suis plutôt déçu. Non seulement on est très loin de thèmes immédiatement mémorables comme Retour vers le futur ou Predator, mais c'est aussi en-dessous de ses oeuvres plus mineures, la dernière ayant vraiment marqué étant la musique d'Avengers (j'espère qu'il va tout donner pour le prochain). On peut fredonner celui-là, pour RPO c'est mission impossible. Les seules musiques marquantes sont celles qui proviennent d'autres oeuvres pour illustrer les scènes correspondantes, BTTF bien sûr (on en avait déjà un avant-goût dans la première bande-annonce), mais aussi Shining et Godzilla, qui font évidemment bien plaisir. J'attends l'album afin de confirmer mon avis, ça peut toujours évoluer en écoute isolée, d'autant que dans un tel film les meilleures musiques sont parfois noyées par les effets sonores.
Et je regrette enfin qu'il n'y ait pas eu la place pour un petit Take on Me des A-Ha qui était tellement efficace dans la dernière bande-annonce.
Bref, j'attendais vraiment de Spielberg qu'il me fasse rêver, j'ai juste été agréablement diverti. Dommage.
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je parles pas au cons sa les instruits
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