FP Unchained
Le voir m'a fait me rendre compte d'une chose. Je m'en étais déjà rendu compte après Thor 2, et parfois j'y repensais, mais j'essayais de rester de mauvaise foi, et de nier l'évidence.
Donc, tous ceux qui sont allergiques à mes romans : j'ai passé un bon moment, c'était plutôt drôle, même si Ryan Reynolds est un mauvais choix de casting et que le film est très feignant.
Ce dont je me suis rendu compte, donc, et ce, dés le générique de début, c'est que ça y est, Hollywood a gagné. Nous sommes habitués à des films médiocres. Aujourd'hui, le cinéma est devenu du fast food. Si ce film était sorti dans les années 90, il aurait été démonté, alors qu'aujourd'hui, il faut simplement moins de temps pour l'oublier que pour le regarder.
On fait face à une épidémie de films impersonnels et feignants, écrits à la truelle, où les rebondissements, tenants, et aboutissants, sont prévisibles 3h avant. "Tiens, s'il parle de ce truc sorti de nulle part maintenant, alors ça aura un impact à la fin du film", par exemple.
La réalisation est impersonnelle. Ca ressemble simplement à tous les films d'action d'hollywood depuis plusieurs années, et ce, malgré un combat avec des semi plan-séquences qui rappelle Kingsman. Mais donc, ça rappelle encore quelque chose, quoi.
L'humour est convenu et attendu. Evidemment que ça fait le job, parce que les deux acteurs sont géniaux et parce qu'on les aime beaucoup, même si, comme je vais en parler plus tard, Ryan Reynolds est très mal choisi pour le rôle.
Ca ressemble à tout, en fait, et en ressemblant à tout, ça ressemble à rien. Et je ressens ce que je ressens devant plusieurs Marvel, et ce sur quoi j'ai réussi à trouver des mots après Thor 2 : c'est triste qu'on soit à ce point habitués à de la bouillie, à de la merde, qu'aujourd'hui, ça, ça nous plaise.
Et alors, je commence à tous vous comprendre, vous qui en avez marre de cette orgie super-héroïque. Le problème n'est pas qu'il y en ait beaucoup, puisqu'en soi, il n'y a pas plus de films de supers que de films de zombies, de vampires, de SF, d'aliens, par année. Le problème est qu'ils ont tellement tout défoncé sur leur passage qu'ils ont aseptisé le paysage. Qu'ils l'ont formaté. Il n'y a rien qu'à voir la multiplication des univers étendus.
A cause de ça, on se retrouve avec des films qui sont des cahiers de charge. Où rien ne nous surprend, puisqu'on les a vus 100000 fois. Ces films qui ne peuvent pas rater, puisqu'ils reposent tous sur la même recette. Et ça ne vaut pas seulement pour les comédies d'action type Baywatch ou The Hitman's Bodyguard, ça vaut pour absolument tout, aujourd'hui. Quasi tout ce qui sort d'Hollywood est aseptisé. Et aujourd'hui, je comprends que Star Wars 7 ait pu à ce point être démonté et détesté, puisqu'on est en droit d'attendre plus qu'un simple remake pour un Star Wars. Le film est super, y a de très belles choses dedans, mais il fait tout juste le job, en ne nous surprenant jamais, en arrivant à rendre des surprises telles que la parenté de Kylo Ren ou la mort de Han Solo prévisibles. Parce - que - c'est - un - putain - de - remake. Et on se pignole tous devant Rogue One, qui est l'un des pires Star Wars, sans souci, tout simplement parce qu'il nous offre deux choses que l'on veut voir depuis 40 ans : une guerre des étoiles dignes de ce nom, et Dark Vador cassant des culs.
Aujourd'hui, pour avoir des caprices tels que Logan ou les GoTG, il faut soit un acteur surpuissant, soit un accident qui a miraculeusement bien marché.
Alors ça y est. L'overdose que vous avez eue il y a quelques années, je commence à la comprendre. Voire, quand je me tape des Spiderman Homecoming quand en face y a ce putain de Planet of the Apes, ou quand je subis un Defenders, cette overdose, je l'ai aussi.
Sincèrement, The Hitman's Bodyguard est drôle. Mais il n'existerait jamais sans Sam Jackson. Vous ne vous direz jamais en le regardant que quoi que ce soit d'autre que Sam Jackson (ou Salma Hayek) est drôle. Ryan Reynolds fait rire, mais il est mal choisi. C'est un rôle de mec sérieux (ce qui aurait été bien plus drôle), pas de clown. Et Gary Oldman fait rire malgré lui. Il est ridicule.
Gary Oldman, parlons-en. Un autre symptôme de cette fast-foodisation du cinéma. Le plus grand défaut des Marvel : le méchant. Il est ridicule, il ne fait jamais peur, ses motivations sont simplement qu'il est méchant parce que, il prend l'accent une fois sur quatre parce qu'il n'en a strictement rien à foutre de ce qu'il fait là. Et je peux le comprendre qu'il en ait rien à foutre, puisque le film en a rien à foutre de lui. Le scénario en a rien à foutre de lui. Les méchants sont aujourd'hui devenus des ersatz de McGuffin. Mais il n'y a pas de grand héros sans grand méchant, et il n'y a pas de grand film sans grand méchant.
Ce Hitman's Bodyguard qui se veut l'héritier des Lethal Weapon (bitch, please) aurait pu être un des grands films de l'année. Il aurait pu marquer cette année, et s'offrir des suites. Ca aurait pu être le Nice Guys de cette année. Mais non. C'est juste passable. Parce qu'aujourd'hui, on se contente du juste passable. On se contente de la médiocrité. On se contente des films qui font tout juste le boulot et qui sont tellement flemmards qu'ils n'existent que par leurs têtes d'affiche.
On en a rien à battre des enjeux. On en a rien à battre des personnages secondaires. On en a rien à battre de quoi que ce soit à part de Sam Jackson, Ryan Reynolds, et Salma Hayek, parce que le film n'en a rien à battre. Les films d'aujourd'hui ne sont plus des films, mais des check-up lists réalisés par des yes-men et contrôlés par des costume-cravates.
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J'AIME FINALLY
Holding out for a hero ?
J'AIME FINALLY
Holding out for a hero ?