Lorsque Pierre Hoffman intègre le prestigieux collège de Saint Joseph il décèle, chez les 3e 1, une hostilité diffuse et une violence sourde. Est-ce parce que leur professeur de français vient de se jeter par la fenêtre en plein cours ? Parce qu’ils sont une classe pilote d’enfants surdoués ? Parce qu’ils semblent terrifiés par la menace écologique et avoir perdu tout espoir en l’avenir ? De la curiosité à l’obsession, Pierre va tenter de percer leur secret…
Une mise en scène brillante et un propos intelligent complètement desservis par un scénario vraiment lourdingue.
Pourtant, il explore de nombreux thèmes avec subtilité. Le rapport entre les adultes et les enfants, par exemple. Dans une industrie où le thème en question est gangréné par les blockbusters débiles à la 13 reasons why qui passeraient l'envie à n'importe quel enfant de parler à un adulte, ici, en montrant le point de vue des adultes qui passent leur temps à dédramatiser et à banaliser les situations, le fossé générationnel parait bien plus crédible et cohérent.
Ainsi, si la raison et la finalité des actions des enfants sont débiles, leurs actions en elles-mêmes ne le sont pas pendant l'intégralité du film lorsqu'ils sont uniquement montrés comme des gosses perdus, qui doutent pour leur avenir, et qu'on essaie pas vraiment de comprendre. Chaque scène où l'on est spectateur de ce qu'ils font fait écho à de tristes réalités.
Mais le grand défaut du film est aussi là : ces enfants qu'on ne peut, au final, pas comprendre, parce qu'ils sont ridicules.
Ils ne sont crédibles que lorsqu'ils ne sont que dans leur groupe de 6. Toutes ces scènes sont crédibles et parfois subtiles, mais ce sont les seules et uniques scènes où on croit à ces personnages.
Ils n'ont pas la moindre raison d'agir comme dans un Stephen King. Ils n'ont pas besoin d'être aussi flippants. Ils n'ont pas besoin de rendre fou et parano leur prof (et uniquement leurs deux profs de Français, ce qui débilise le truc encore plus). Et, lorsque leurs objectifs se font comprendre, tout le reste du film est décrédibilisé. Lorsqu'on sait ce qu'ils veulent faire depuis le début, on comprend qu'ils n'avaient pas la moindre raison d'agir comme ça, à part pour nous faire flipper nous.
Le film tente parfois de justifier leurs actions de gosses horrifiques en les faisant interagir avec les enfants normaux, mais ça ne marche pas. Ca ne marche pas, tout comme le reste de l'école qui est bizarre, raciste, creepy, stalker, et aveuglé. Ainsi, toutes les actions bizarres en dehors de celles des enfants n'auront elles non plus ni raison ni suite ni conséquence. Tout est là pour installer un climat de cauchemar et de paranoïa, tout est là pour que le spectateur devienne fou, à l'instar du seul personnage lucide, celui de Laurent Lafitte, mais tout est annulé lorsque le film quitte l'épouvante et le fantastique pour aller vers le drame relatant un fait divers.
Ainsi, le film n'est jamais aussi puissant, intense, et fort que Take Shelter dont il s'inspire énormément et auquel il fait souvent écho. Même si ça peut paraitre évident que l'on arrive pas à retrouver le génie de Nichols ici, il est important d'en parler. L'heure de la sortie a beau être brillamment réalisé, avoir une belle BO très Carpenter-ienne, et parler de choses avec intelligence, en ne sachant jamais sur quel pied danser, il se perd complètement, notamment dans les vidéos des enfants qui finissent par provoquer l'hilarité de par leur côté over-the-top, tout comme les enfants eux-mêmes, pas toujours justes ou crédibles dans leur jeu.
-- J'AIME FINALLY
Holding out for a hero ?
*édité à 22:36 le 10/01/2019
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