Cartman150
Genre : Série dramatiqueCréé par : Pierre-Yves Bernard, Claude LegaultPays d'origine : Québec Nombre de saisons : 3Nombre d'épisodes : 38Durée : 23 minutesDiffusion d'origine : 12 janvier 2005-29 mars 2007
Videurs dans une boite de nuit de Montréal, Marc, Louis et Gaetan veillent scrupuleusement sur leur lieu de travail. Leur établissement racheté par une ambitieuse jeune femme, Fanny, qui ne parle que de communication et de relation publique, ils doivent, sous la contrainte, s'éclipser. Alors qu'ils se morfondent tous dans des emplois où ils ne se sentent pas à leur aise, les trois hommes reprennent du service, à la demande même de celle qui les a renvoyés...
Videur de métier, Marc Forest est un célibataire incapable de s'impliquer dans une relation amoureuse. Il comble sa solitude avec ses animaux de compagnie.
Videur depuis plusieurs dizaines d'années, Gaétan Langlois est passionné par son métier. Célibataire, il commence à se sentir dépassé par la jeune génération à cause de son âge.
Louis Bergeron ((
Louis Champagne
)Louis Bergeron est lui aussi videur depuis longtemps. Vivant une relation de couple plutôt difficile, il rencontre de nombreux problèmes dans ses relations sexuelles.
Fille d'un gérant de bar, Fanny Campagnolo est une femme d'affaire ambitieuse qui s'apprête à acheter son troisième établissement.
* Julie Perreault : Fanny Campagnolo * Claude Legault : Marc Forest * Julien Poulin : Gaétan Langlois * Louis Champagne : Louis Bergeron * Stéphane Gagnon : Yan (Portelance) Gladu * Dino Tavarone : Paolo Campagnolo * Julie LeBreton : Brigitte * Benoît Girard : M. Rochon * Jessica Malka : Félicia Cormier * Henri Pardo : Stevie * Igor Ovadis : psychologue * Denis Houle : Gervais * Karine Lagueux : Anne-Julie * Steve Bourassa : Alan * France Parent : Sylviane * Stéphane Crête : Jacques, le patient psychiatrique * Yan England : Tom * Salomé Corbo : Cynthia - La fée des fleurs * Danny Gilmore : Nino * Jean-François Harrisson : Henri * Nicholas Rousselle : revendeur * Natasha Thompson : Myriam * Marie-Ève Beaulieu : Agnès
Dans l'excellente série québécoise "Minuit, le soir", trois videurs vieillissants confrontés aux nouveaux diktats modernes de beauté et de jeunesse, se débattent pour ne pas se laisser submerger par leurs névroses. Attachante et subtile, cette série multirécompensée, à regarder avec un dico de l'argot québécois à portée de main, est la bonne surprise de la rentrée. Tabernacle !
Avouons le, nous n'aimons pas trop les videurs. Cela pour une raison très simple. Longtemps, les chevilles ouvrières de ce corps de métier particulièrement ingrats, nous ont, avec leurs jugements guidés par l’arbitraire le plus total, pourri une grande partie de notre jeunesse. (C’est vrai, pourquoi après cinq verres est-on, selon eux, systématiquement « trop fatigué » pour rentrer, alors qu'à l'intérieur des femmes sublimes n'attendent que vous ?) Enfant pourtant, ce métier symbolisait pour nous un sommet de coolitude. Après s’être maté en boucle les exploits de Patrick Swayse dans « Road House », lattant la gueule des soûlards querelleurs avec classe tout en se tapant la fille la plus bandante du village, nous avions même songé à embrasser cette carrière dangereuse et excitante. Ado pourtant, lors de nos premières virées nocturne, il a bien fallu nous rendre à l'évidence : ces mecs n'étaient pas aussi cool que Patrick et le peu que nous percevions de leur job nous semblait finalement assez glauque.
C’est cette noirceur de tous les jours que l’on retrouve dans « Minuit, le soir » une série québécoise épatante, enfin diffusée en France sur Ciné Cinéma , et qui nous dévoile l‘humain qui se cache derrière la façade de brutes sans cervelle de ceux qu‘on appelle aujourd‘hui plus joliment « les physios ». On y suit les errements de Marc, Louis et Gaétan, trois portiers old-school confrontés à un changement de politique managériale radical, suite à la reprise du bar où ils travaillent par Fanny, une jeune fille convertie aux joies du marketing. Habitués à travailler à l’ancienne, dans un esprit vierge de toute compétition, nos trois videurs vont devoir faire face à l'arrogance de leurs nouveaux collègues, plus beaux et plus jeunes. Ils découvrent alors un nouveau mode de vie absurde fondé sur le paraître, le contrôle et l’évaluation, et dans lequel il vont devoir apprendre à jongler avec leurs névroses intimes.
Loin de tomber dans l'accumulation de clichés sur pattes, « Minuit, le soir » réussit à transmettre un sentiment d’universalité aux travers de personnages à la banalité fédératrice. Que ce soit Gaétan, vieux type illettré qui ne semble survivre qu'en attente d’un hypothétique amour ou Marc, trentenaire beau gosse à l’agressivité contenue ou bien encore Louis, patapouf jouasse obligé de se parer de déguisements grotesques pour réussir à faire se lever sa virilité, les souffrances de ces hommes entrent en résonance avec les nôtres. Car « Minuit, le soir », malgré son cadre joyeusement hédoniste, ne parle de que de nos faiblesses, de notre violence intérieure, de notre incapacité à nous attacher, de nos défaillances sexuelles et plus généralement de toutes ces hontes que nous avons appris à dissimuler dans un environnement de plus en plus normalisé et de plus en plus invivable.
Si le québécois et les expressions fleuries qui nourrissent les dialogues de « Minuit, le soir » heurtent parfois nos oreilles, tout sonne pourtant extrêmement juste dans ce soap dramatique à l’écriture fluide. C’est assez touchant, parfois un peu ringard, d’un grand classicisme mais aussi d’une audace formelle quasiment filmique. Surtout, « Minuit, le soir » réussit la prouesse de faire se côtoyer le pathos et l’humour le plus pouet-pouet sans aucune faute de goût. Ce qui est, avouez le, assez rare pour être souligné. Un conseil. La prochaine fois que vous vous ferez refouler d’un club, ne protestez pas, dîtes vous que ce n'est là que l'expression maladroite d'une souffrance trop longtemps enfouie et rentrez à la maison vous taper un bon épisode de "Minuit, le soir".
* Prix Gémeaux 2005 : Meilleure interprétation rôle masculin pour une dramatique pour Claude Legault * Prix Gémeaux 2005 : Meilleure montage pour une dramatique * Prix Gémeaux 2006 : Meilleure série dramatique * Prix Gémeaux 2006 : Prix Jean-Besré * Prix Gémeaux 2006 : Meilleure interprétation rôle masculin pour une dramatique pour Claude Legault * Prix Gémeaux 2006 : Meilleure réalisation d'une série dramatique * Prix Gémeaux 2006 : Meilleur texte d'une série dramatique * Prix Gémeaux 2006 : Meilleure direction photo pour une dramatique * Prix Gémeaux 2006 : Meilleure montage pour une dramatique * Prix Gémeaux 2006 : Meilleur décor * RITV Reims 2007 : Prix du jury de la meilleure série ou feuilleton * RITV Reims 2007 : Prix du public de la meilleure série ou feuilleton * RITV Reims 2007 : Prix Cinecinema Auteur * RITV Reims 2007 : Prix SACD du meilleur scénario pour Pierre-Yves Bernard * Prix Gémeaux 2007 : Meilleure musique pour une dramatique
L'argot Québécois étant très utilisé dans cette série, les dialogues peuvent se révéler assez difficile à comprendre (imaginez un mix de français et d'anglais parlé avec un accent venue d'une autre planète le tout saupoudré de mots n'existant même pas dans le dictionnaire inter-galactique ^^).
Diffusée par Radio-Canada, la série a été encensée à la fois par la critique et par le public, atteignant un auditoire de 1,3 million de téléspectateurs pendant sa première saison. Minuit, le soir a gagné un total de dix-sept prix Gémeaux.
www.technikart.com/2007/09/19/7088-minuit-la-nightwww.radio-canada.ca/television/minuit_le_soirwww.wikipedia.com
*édité à 16:48 le 02/09/2009 par Sixe