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Revois la fin du film, mon ptit père.J'invente rien, tout y est (pour en avoir longuement, trèèès longuement débattu sur Ecran Large - et j'étais celui à convaincre).

Le Batman qui se sacrifie pour faire le "nécessaire" sale boulot et pour prendre sur lui le reste des crimes qu'il n'a même pas commis, ou qui prend sur lui les péchés de l'Humanité pour sauver nos âmes... Tout ça est même très christique.

Nier les tentatives de "justification" des politiques de contrôle dans le passage avec la surveillance des communications serait se mettre de bien grosses oeillères tant tout cela est appuyé avec insistance : heureusement que l'administration Bush s'est sali les mains pour notre Salut.

Le Joker est le terroriste, et Batman le bras armé de l'Amérique vengeresse qui décide qu'il est grand temps d'aller péter la gueule aux suppôts de Satan où qu'ils soient sur la planète. Les enlèvements aux 4 coins du monde pour soumettre "à la Justice" les vils criminels qui sucent la moëlle de l'Amérique bien pensante, les pompiers dans les décombres fumants de l'hôpital, mais aussi et surtout le beau système de surveillance téléphonique qu'on s'autorise à utiliser parce qu'il est "entre les bonnes mains". A la bonne heure. Et avec ca, qu'est-ce que je vous ressers ? Une part de Patriot Act ? Mais pas de problème monsieur, la maison est là pour exaucer vos moindre désirs.

Les auteurs survolent le problème avec une complaisance coupable lors du dîner d'Harvey Dent avec Bruce Wayne et les deux potiches. Le premier rappelle que quand la république romaine était en danger, elle pouvait désigner un homme investi, temporairement, des pleins pouvoir pour sauver la Patrie, le dictateur.Et lorsque Rachel objecte qu'une des rares fois où ils l'ont fait (si ce n'est la seule), le rigolo a oublié de rendre ces pleins pouvoirs, cette gourde finit sa phrase en gloussant comme une conne.

Alors d'accord, je veux bien discuter des moyens d'exceptions qu'on octroie pour assurer la sûreté de la nation, du bien-fondé des lois anti-terroristes et de leur application, mais pas sur un coin de nappe entre la poire et le café. Et d'autant moins que 2 bobines plus tard, on piétine allègrement constitution et état de droit avec la bénédiction du bon peuple et des autorités.

Alors, quand après deux heures de martelage intensif, on nous en rajoute encore une couche sur le justicier qu'on mérite ou dont on a besoin, ça fait rien qu'un laïus de plus sur "ceux qui ont le courage de se salir les mains pour assurer à la ménagère de moins de 50 ans qu'elle va pouvoir continuer à astiquer l'argenterie dans sa suburb bien verte et bien ensoleillée".

Finalement, Nolan va dans le sens de l'émotion du public, en lui proposant ce qu'il attend, sa part de vengeance contre le Joker, sa soif d'auto-justice, sa soif de réparation. Plus le joker est une ordure (ce qu'il fait très bien, à côté les "dérives" de Wayne sont trèèèèès excusables à l'oeil du spectateur, le Joker est le Mal Absolu dans ce film), et plus le public excuse les agissements de Batman. De la même manière qu'il excusait les dérives de Bronson dans les Death Wish, tant on faisait monter la sauce du côté de l'horreur des criminels qu'il poursuivait.

Ainsi la fin est en parfaite cohérence avec tout ce qui a été fait et développé plus haut, mais en plus celle-ci vient parachever le tout, au cas où on n'aurait pas compris. Batman est admirable. Il ose le sacrifice ultime pour nous sauver tous du Mal Absolu. Il ose tout donner, son honneur, sa réputation, son image, donc bien plus que sa vie, il ose même se salir les mains. Pour le Bien. Il n'a rien en retour, que la disgrâce. Comment ne pas l'admirer ? Tout est fait en ce sens. Tout !

C'est une fin construite patiemment et qui vient justifier les dérives du "chevalier noir". Elle est d'autant plus réfléchie et pensée minutieusement pour son impact du fait qu'elle évoque très fortement la construction du Liberty Valance de Ford et en emprunte les mêmes ressors émotionnels. Tout est intentionnel, tout s'imbrique en ce sens.

Cela n'empêche pas de pouvoir, paradoxalement, trouver le film bon. Mais idéologiquement parlant, c'est extrêmement limite.

Alors que l'on vienne me sortir que Watchmen, en comparaison, ne fait que flatter bassement le spectateur, ça me fait doucement rigoler.

Parce que bon, dans le fond, Watchmen, ça la fout grave à Batman. Et encore, on parle que des films.

Tout ce qu'a fait Nolan, c'est étancher la soif de justice sauvage anti-terroriste du public US / mondial * on applaudit bien fort *

Il y a une vraie réflexion sur la légitimité des justiciers dans le Snyder car il reprend la plupart des thèmes de Moore. Et puis le film ne se limite pas à ça, on va beaucoup plus loin dans tout et à tous les niveaux, le passage sur Mars transpire la poésie et la métaphysique.

Mais c'est sûr, dès qu'on adapte un peu "ah, nan mais là, au moins, c'est pas du copier-coller, le naze, il sait rien faire".

Ce n'est pas Snyder que j'applaudis. C'est le film. Parce que le propos, il est quand même là. Quoiqu'on dise. Et quasi-intact.

Faut juste savoir apprécier le fait de simplement voir s'animer de manière magistrale les pages du meilleur GN de l'histoire.

Je citerai ainsi (pour clore) un rédac' de EL :

A la fois on reproche à Snyder de trop coller à l'oeuvre de Moore (il n'y a pas "d'entre les cases") et à la fois d'être trop stylé ("putain de ralentis, de musique, de direction d'acteurs, blah blah").

En clair ce que Snyder est à la fois trop présent et trop absent du film.

Qu'on n'aime pas ce que Snyder apporte, d'accord, mais qu'on ne vienne pas lui reprocher d'être juste un illustrateur.Dans tous les cas, la présence de Snyder est quand même réduite à la portion congrue (c'est du 80% Moore, 20% Snyder en gros). Et même si ses choix de réalisateur sont discutables (on aime ou pas, ça se conçois sans peine), ils ne suffisent pas à ruiner l'oeuvre de Moore, loin de là.

Il y a fidélité et du bonus. Avec cette ironie exacerbée, ce décalage qui est la vraie modernisation qu'ose Snyder.On adhère ou non, certes la fidélité à l'oeuvre originale est le point principal, mais on ne peut pas nier que Snyder est là, bien là, avec tout ce que l'on a aimé (ou pas) dans ses films précédents.

L'oeuvre cinématographique qui en découle ne ressemble à rien d'autre, et fini, peu à peu, avec le temps, sans doute avec les multiples visions, par exister en elle-même. Watchmen le film, libéré de l'aura de Moore. La réussite n'en est que plus incroyable.Oui ce n'est pas un blockbuster comme les autres, une belle machine à fric. Mais pourquoi s'en plaindre ?

D'un point de vue de financier, forcément, c'est du suicide, un échec, une castrophe industrielle.

Du point de vue artistique, dans toutes ses particularités, dans sa richesse, sa folie, ses erreurs, le film est un triomphe.

Bon j'ai eu tort d'amener cet exemple sur le tapis, mais si vous voulez discuter de Watchmen, il y a un topic qui existe, ici c'est plutôt Avatar en fait.

Effectivement, je m'en excuse.J'irai aussi poster dans le topic de l'autre truc pro-Bush, là.

Oui, les scènes de de baston de Snyder sont contraires à l'esprit de la BD.Tu t'es jamais dit en regardant ces scènes que c'était incohérent par rapport aux personnages ?Moi, quand je vois Dan ou Laurie faire gicler tout son sang au bras d'une caillera, désolé, mais non.

C'est une affiche super moche. Et des rochers qui flottent, c'est pas de la SF sérieuse. Tant pis.

C'est surtout très classique comme affiche (cf. Seven par ex.), après niveau SF je suis pas calé.

Il n'y a pas des trucs de ce genre dans The Last Airbender justement ?

Sinon ça me rappelle Skyland, le DA français.

On a l'explication plus ou moins dans la bande-annonce, avec le perso qui explique que c'est une matière qui vaut des dizaines de millions.