Vous voulez passer la nuit à vous demander comment vous réagiriez en cas d'épidémie ? Ce que vous feriez si un blocus complet de votre quartier était décrété par l'armée ? Regarder votre placard et vous demander combien de temps vos réserves tiendraient ? Faire des rêves chelous où tout le monde parle Flamand et vous avez l'impression de les comprendre ?Alors n'attendez plus, bloquez les dix prochaines heures et installez-vous devant Cordon !
Un Afghan en situation irrégulière se présente pour des vaccins de routine. Plus tard, des docteurs se mettent à tousser et sont vite isolés. Puis le bâtiment tout entier est placé en quarantaine, piégeant un groupe d'écoliers en visite scolaire ; très vite, c'est tout le quartier qui est bouclé, sur ordre du gouvernement : le virus est mortel et son évolution extrêmement rapide.
L'histoire se divise entre l'intérieur et l'extérieur du "cordon sanitaire", une zone de la ville entièrement coupée du monde, où près de 5000 personnes sont bloquées. Entre autres, la petite amie du policier chargé de coordonner le cordon (spoiler : il le vit mal), réfugiée avec des collègues au sommet d'une tour sécurisée où elle travaille à restaurer des données informatiques confidentielles. Également piégé à l'intérieur, le flic envoyé récupérer l'Afghan chez lui juste avant la mise en place du cordon (il le vit pas super non plus). A l'extérieur, c'est une lutte pour contrôler les informations et enrayer la panique, tout en s'assurant que personne ne sort de la zone.
On peut reprocher au scénario quelques facilités, quelques zones de flou artistique (notamment la gestion de la crise et la représentation du gouvernement un peu simpliste à travers un seul personnage ambigu). Mais la série a également pour elle qu'elle est bien ficelée ; les derniers épisodes reprennent des questions laissées en suspens depuis le début. J'avais des réserves sur certains éléments (improbables, passés sous silence...), qui sont finalement évoqués, beaucoup plus tard. Si tout n'est pas parfait, on sent qu'ils se sont donnés beaucoup de mal.
Les acteurs sont très bons, surtout parce que les personnages sont surtout très bien écrits. Ils sont nombreux, variés, et on s'attache à tous, même les petits vieux, même les gamins.
J'ai surtout apprécié la cruauté de la série, et la rapidité avec laquelle on verse dans l'horreur et le chaos. Les premiers épisodes sont très propres, les réactions des personnages sont parfois surprenantes. La population est globalement ordonnée et docile, ça fait un drôle d'effet. Mais... la situation évolue très vite, d'une manière très crédible. Je ne pensais pas qu'ils iraient aussi loin, j'ai été agréablement surprise (et horrifiée).
Sans spoiler, c'est un peu difficile d'en dire plus, mais ça donne l'impression d'un film de zombies sans zombies. Le concept est le même : aux premiers signes d'infection, la personne devient un paria à fuir, à isoler. Les questionnements sont identiques : comment faire son deuil quand sa propre survie est en jeu ? A quel point doit-on renier son humanité pour survivre ? C'est juste encore plus glaçant parce qu'un tel virus est possible, au contraire d'une épidémie zombifiante.
*édité à 11:12 le 12/08/2015