Boss saison 2
OMG !!! Tellement frustrant que ça s'arrête ! Il faut souvent prendre le recul nécessaire pour parler de quelque chose, pour éviter l'écriture d'"état", mais là je ne peux m'en empêcher. Quel feuilleton politique ! Quels personnages ! Quelle écriture ! Je parlais de Boss en ayant seulement vu la première saison qui était déjà de belle facture, mais alors cette saison 2, est grandissime, monumentale.
Je comprends les fans qui envoient des lettres de menaces, des Snickers ou autres conneries aux chaines de télés pour éviter une annulation.
Là, vraiment, on est au top du top. House of Cards à côté c'est de l'entertainment cynique au bas défi d'être une vitrine pour un network qui offre ce qu'on croit lui demander. Une coquille vide. Boss n'est plus comparable avec House of Cards.
Passé l'enthousiasme, qu'est-ce qui fait de Boss une grande série ? D'abord son personnage principal, brillamment interprété par Kalsey Grammer. Le diable, l'humain diable, le mortel diable, le puissant diable. Ses manoeuvres, sa méfiance, son sens politique, sa paranoïa, son gout pour le contrôle, et surtout ses veines dans lesquelles coulent... le pouvoir. Incroyable écriture que ce personnage aussi complexe que passionnant, aussi glacial qu'attachant, aussi vertueux que monstrueux. Chapeau.
Ensuite, les rôles secondaires, déjà Ezra dans la première saison, et son fantôme dans ces épisodes, mais Kitty aussi, et son rapport à l'auto-destruction l'auto rédemption, dans la deuxième saison, elle essaie de gouter au pouvoir sans le sexe, son personnage n'en devient que plus intriguant.
Le journaliste, passionné, on vit avec lui son enquête, on devient aussi passionné que lui dans sa recherche du Graal, faire tomber le roi, parce que le roi mérite sa chute, c'est un criminel, et les médias doivent jouer ce rôle de quatrième pouvoir. On est en totale empathie pour lui, quel final redoutable pour sa personne.
Le trésorier, postulant à la gouvernance de L'Illinois, un jeune premier, apparemment impeccable sous toutes coutures, mais tellement politique, et surtout tellement la marionnette de Kane.
La remplaçante de Ezra, que le maire qualifiera de naïve, c'est la seule, avec tellement de compromis, qui aura cru jusqu'au fatal désenchantement, faire changer les choses.
Le gouverneur, le procureur, l'ancien maire, le fils caché, la fille, le jeune black, les conseillers, les assistants... Je pourrais tous les citer, tellement ils sont bien traités (maltraités), ils ont tous du poids, ils gravitent tous sans sortir du périmètre. Ils sont tous différents. Tous riche d'humanité. Encore Chapeau.
L'aspect politique. C'est incroyable de tenir autant une intrigue, en feuilleton, avec seulement des affaires politiques, on ne parle que de votes, d'alliances, d'argents, d'aménagement urbain, de social, d'économie, et on est comme devant une série aux rebondissements artificiels du genre quelqu'un rentre, pour savoir, il me faut regarder le prochain épisode. Le politique devient passionnant, humain, à l'échelle d'une ville, mais la série réussit à nous le faire appréhender, chaque décision porte sa conséquence, chaque parole a un impact sur celui qui l'écoute, chaque acte est scruté et peut avoir l'effet d'une gifle dans Dostoievski ou d'un battement d'aile d'un papillon.
L'aspect sexuel. Souvent, on voit des gens faire l'amour dans les feuilletons, et on ne sait pas bien pourquoi, on s'y est même habitué, ça ramène de l'audience. Ici chaque acte de chair consommé est un acte de langage, le rapport lui-même détermine le degré de pouvoir de l'un sur l'autre ; on couche pour son plaisir aussi, on cède parfois à ce délice en oubliant les enjeux, mais toujours il porte du sens, il explose les sens, et provoque souvent des dégâts. Rien n'est gratuit dans cette sexualité, elle est politique, elle est une arme, une fleur, on peut tuer par amour. On peut aimer tuer.
Conclusion, une des plus belles séries qui m'ait été donné de voir, elle se place définitivement avec les autres rares grandes séries. Bravo à ceux qui l'ont fait, écrit surtout. C'est incroyable. Chapeau chapeau chapeau.