Chargement en cours...
Wait
Veuillez patienter
L'opération demandée semble prendre trop de temps.
Attendre 30 secondes de plus   Recharger la page
wait
Connexion
X
Email OU nom d'utilisateur :
Mot de passe :
Se connecter via Google
Créer un compte
Mot de passe oublié ?
Mail d'activation
Langue :
Nouveau sujet
   Retour liste des sujets Retour liste des sujets   Bas de page Bas de page
Sujet n°16156 créé le 11/01/2009 à 17:18 par labrin - Vu 3373 fois par 384 utilisateurs
   
Pages : 12345
Message n° 960258, posté à 22:31 le 13/02/2009  
+1.35
Note
Avatar
labrin
La sieste, de la pensée.
Qu'est ce qu'une sieste ?
Une sieste
C'est un temps de repos avec ou sans sommeil
J'insiste sur le « sans »
Parce que dans l'imaginaire collectif on considère la sieste comme un temps de sommeil
Alors que ce qui caractérise la sieste
C'est en réalité que l'on tend vers le sommeil
On ne dors pas forcément
On somnole
On se repose
On peut aussi dormir
Mais pas que
Et c'est important.
Alors comment fait-on une sieste ?
Il faut être allongé
Ou assis
En tout cas il faut que la tête soit posée sur autre chose que sur son cou
Il ne faut pas agir physiquement
Il faut respirer
Être calme
Et surtout ne pas parler
La sieste est silence
Alors quand est-ce qu'on fait la sieste ?
Sieste cela veut dire en latin
Sexta hora
La sixième heure
Qui correspond à midi
Si on considère que le soleil se lève à 6h et se couche à 18h
C'est l'heure du milieu
Celle à laquelle le soleil est au plus chaud
La lumière la plus forte
C'est le temps du milieu
C'est le temps entre
Entre la première partie de la journée
Et la deuxième
C'est un passage
Qui s'effectue au milieu du jour
Qui repose la première partie
Pour préparer la seconde
Ou réfléchit la première partie de la journée
Pour reposer ou activer la seconde
En tout cas c'est un vide dans lequel il se passe quelque chose.
Nous parlerons pour appuyer ma thèse
De la sieste de celui qui travaille.
Alors, on dit que la sieste est un temps pour les enfants, les vieillards, les malades, les fainéants
C'est un temps où l'on ne fait rien
Un vide inutile
Une perte de temps
Dans notre époque où le mot sieste est plutôt péjoratif
Même si depuis peu ça change
Je vous expliquerai pourquoi.
Alors d'où vient cette image péjorative ?
La religion chrétienne et musulmane par la suite a instauré la prière à l'heure de la sieste
Puis préconisé le sommeil à cette heure là
En tout cas pas de repos, sans sommeil
Par peur que l'homme n'en profite pour avoir recours à la fornication
Peur du pêché de luxure
On parlera de sieste crapuleuse
C'est vrai qu'il fait chaud et qu'on se retrouve dans le domicile conjugal
Entre la sexta hora et la sexa hora il n'y a pas grand écart.
Ensuite on parlera des grands hommes
Des grands conquérants ou croisés du moyen age comme des personnes qui ne se reposaient jamais
Qui ne s'arrêtaient jamais d'avancer, de conquérir.
Plus tard avec les révolutions industrielles
Puis l'avènement du fordisme
Du travail à la chaine
La sieste deviendra un temps improductif, contre performant.
Un temps inutile à la société
Une perte de temps
Une perte de croissance économique
Après la seconde guerre mondiale
On parlera un peu mieux de la sieste
Le professeur Jouvet en 1950 en parlera dans une conférence comme d'un « médicament »
On s'est aperçu qu'elle permettait de récupérer
L'anecdote de l'ouvrier avec sa clé à molette dans la main pour faire des micros sommeil à la pause de midi
Découverte absurde
Comme si on se rendait compte que donner à manger à l'ouvrier ou le faire dormir huit heures lui permettait de travailler plus efficacement
(La sieste est un besoin
Le désir de faire la sieste survient à notre insu
Le besoin correspond à une sensation de manque, d'inconfort ou de privation, qui est accompagné par l'envie de la faire disparaitre par un comportement économique et social menant à un mieux-être.)
On s'est donc aperçu au fil d'années d'études scrupuleuses qu'elle augmentait les performances
L'ouvrier travaille mieux et plus vite après une sieste
Il est performant
Des études seront faites pour définir quel temps de sieste est nécessaire pour la productivité du travailleur
Elles se contredisent toutes mais ne dépassent pas 20 minutes
Cela va du micro sommeil au repos de 20 minutes
En Chine la sieste est inscrite dans la constitution
Au Japon elle est obligatoire dans la majorité des entreprises
On connait la croissance économique et la productivité de ces pays
Au Etats Unis la National Sleep Foundation prouve que 5 minutes de sieste fait gagner 18 milliards de dollars par an à l'économie
C'est le meilleur équilibre entre ce temps improductif et le temps productif
Au delà de 5 minutes, cela retombe à 15 milliards et ainsi de suite
Tout récemment, au Portugal,
s'est tenu un colloque sur la sieste,
pour encourager les travailleurs à la faire parce que les portugais sont des couches-tard
Donc improductifs
En préconisant la sieste
Cette conférence espérait augmenter la productivité des travailleurs portugais
Aujourd'hui les traders, consultants et nouveaux riches de la finance vantent ce temps de courte sieste qui
Diminue le stress
Augmente la productivité
Diminue le risque de maladie coronarienne
Augmente la durée de vie
Diminue l'anxiété
Augmente la créativité
Et permet de dormir jusqu'à deux heures de moins la nuit.
L'entreprise d'aujourd'hui encourage la sieste
Mais cherche à la contrôler
A la rendre la plus performante possible
Et la plus économiquement rentable possible
Des études
Privées pour la plupart se multiplient
Certaines disent que c'est bien dans un certains temps
D'autres mal dans n'importe quel temps.
Notre mode de vie
S'accélère
Cherche de plus en plus à contrôler le temps
Et celui là
Ce temps de la sieste
Est un mystère
Car le besoin de sieste survient sans prévenir.
On ne décide pas d'un désir de sieste
Mot Sieste
Qui est la plus simple traduction du « ne rien faire »
Il fait jour tout de même
Et aujourd'hui ne rien faire en journée fait peur
La peur de l'enfant, du vieillard, du malade ou du fainéant
La peur de l'in-utile à
Le peur du vide
La peur du vide dans la vie
Et le vide se voit d'autant mieux à la lumière que la nuit.
Tout se qu'on peut contrôler de la sieste c'est son réveil, ou son arrêt.
C'est une violence que nous avons rendu tolérable
Qui va du bruit de la clé à molette qui tombe de la main
Aux assourdissantes sirènes à la fin de la pause de midi.
Pourquoi la sieste fait peur ?
Que représente t-elle pour qu'elle fasse l'objet d'un tel contrôle de la société, de soi-même ?
Pourquoi essaie t-on d'en faire une nuit en plein milieu de la journée ?
Pourquoi fait-on la sieste ?
Pour répondre simplement
On parlera de fatigue
A la sixième heure on est fatigué
Et à la sixième heure une activité se termine
Une activité utile ou productive
Physique et laborieuse
Ou même mentalement astreignante
Un travail
Au sein d'une communauté
Pour une communauté
A la sixième heure, au milieu de la journée
L'économie du corps pour l'économie d'une société réclame un repos
Pour l'instant
Il est censé reprendre plus tard
On se retrouve seul
C'est le moment où l'on quitte une communauté
Seul face à la fatigue
Et il faudra continuer à agir après
Et revenir dans la société
Nous sommes au milieu de la journée
Comment en arrive t-on à être seul et fatigué ?
Je vais m'appuyer sur un texte de Peter Handke
Qui s'intitule « essai sur la fatigue »
Je vais lire un passage :
Peter Handke essai sur la fatigue
« La fatigue me rendait même rebelle ou me faisait me rebiffer ou m'insurger pendant les heures de cours dans les amphithéâtres. En règle générale, c'était moins l'air confiné et l'entassement de ces cohortes d'étudiants que le manque d'enthousiasme des conférenciers pour une matière qui pourtant aurait dû être la leur. Jamais plus je n'ai rencontré de gens aussi peu animés par leur sujet que ces professeurs et ces chargés de cours de l'université ; n'importe quel, oui n'importe quel employé de banque en train de feuilleter des billets de banque qui ne sont pas du tout les siens, oui tous les ouvriers asphalteurs dans la canicule du soleil en haut et du goudron qui cuit en bas, semblaient avoir plus d'âme qu'eux. Des dignitaires rembourrés de sciure dont la voix n'était jamais portée par ce dont ils parlaient, ni par les élans de l'étonnement (celui du bon professeur qui s'étonne encore de son thème), ni par l'enthousiasme, l'inclination, l'interrogation sur soi-même ni par la vénération, la colère ou l'indignation, par leur propre ignorance, qui bien au contraire ne faisaient que débiter, scander, hacher sans cesse. Jamais, il est vrai, de la voix profonde d'un Homère, mais le ton de l'examen qu'ils allaient faire passer %u2013 par intermittence, tout au plus, une inflexion sarcastique ou une allusion haineuse pour initiés, pendant que dehors, devant les fenêtres, tout verdissait et bleutait et l'obscurité venait et la fatigue de l'auditeur devenait répugnance et la répugnance, répulsion. Et comme dans l'enfance, de nouveau : « dehors, sortir, loin de vous tous ! ». Seulement où aller ? Rentrer comme jadis ? Mais là-bas dans la chambre louée, il fallait craindre, pendant la durée des études, une fatigue d'un nouveau genre, inconnue à la maison : la fatigue dans une chambre, en bordure de ville, seul, la « seulfatigue ». »
Alors voilà il termine par le mot « seulfatigue »
Tout attaché
Nous y reviendrons
Alors le jeune Peter assiste à des cours ou des conférences
Et se retrouve dans un état qu'il qualifie de « seulfatigue »
D'ou vient la « seulfatigue » ?
Elle vient
Je reprends quelques termes :
du « manque d'enthousiasme »
« peu animés »
« la voix jamais portée par ce dont ils parlaient »
aucune
inclination
interrogation sur soi même
aucune vénération
aucune colère
aucune indignation
Ces professeurs au contraire débitent
Scandent
Hachent sans cesse
Sur le ton de l'examen
Avec des inflexion sarcastique
des allusions haineuses pour initiés
Dans ce temps où de la pensée devrait être transmise
Elle ne l'est pas
Il n'y a pas de pensée
Pas de partage de pensées
Le jeune Peter n'est pas animé par la pensée
Il sombre dans la « seulfatigue »
Qui se conclut par une sieste dans sa chambre
Revenons au terme de « seulfatigue »
La traduction française garde cette composition de mots
Composition fréquente en allemand
Mais ici la traduction garde cette quasi-dérivation
« Seul » et «  fatigue » sont attachés
Il n'y a pas d'espace entre
Pas de trou
Pas de respiration
Si on prend un microscope et qu'on regarde un texte attentivement
Il y a des trous entre les mots
Des points entre les pensées
Des virgules dans les virages de réflexions
En tout cas partout il y a des temps entre
Resserrons la lentille du microscope
Et prenons deux mots au hasard
Comme si ces deux mots étaient une journée en entier
Entre deux mots
Il y a un espace
un temps
Un vide
Dans lequel peut s'insérer un signe de ponctuation ou pas
On remarque que ces deux mots
Ne sont pas les mêmes
Et même s'ils le sont
Ils sont différents
Tout ça parce qu'ils sont séparer par un espace,
un temps
un vide,
une ponctuation
Un espace qui permet de poser l'un pour préparer l'autre
De changer le sens du premier pour comprendre le suivant
Un espace pour arrêter le premier et reprendre ailleurs lorsque le suivant survient
Cet espace c'est celui de la pensée
De l'intelligence
De la réflexion
Du lien entre
C'est le temps de la pensée
Un temps singulier pour chacun
Différent pour chacun
Et je reviens au terme de « seulfatigue » du jeune Peter
C'est finalement le temps entre qui est supprimé.
Il décrit par là un état d'étouffement de la pensée
Ça ne pense pas
« Seulfatigue »
Et ensuite la sieste.
Alors pourquoi survient à ce moment de « seulfatigue » le besoin de sieste ?
Revenons à l'échelle de la journée
A l'échelle de la journée la sieste c'est le temps entre
L'espace entre
Le temps qui permet de séparer seul de fatigue
La sieste c'est le retour vers une pensée libre
Vers une réflexion
Vers l'intelligence
La sieste c'est De la pensée
L'appel de la sieste est un appel vers la pensée
La pensée étouffée par le travail
Le travail qui n'anime pas la pensée
On saute et tombe dans la sieste pour penser à nouveau.
(Je fais une petite parenthèse
Sexta hora, la sixième heure
Six est le chiffre de l'homme sans Dieu
De l'homme qui se réfléchit
Du rapport de l'homme à l'homme
L'homme qui pense
Et la sixième lettre de l'alphabet est le F, le Phi
De la ré-flèc-tion de la philosophie.)
Alors ce vide qui fait si peur
Ce temps de sieste,
Précédé par la « seulfatigue »
C'est finalement de la pensée
Le trou pense, le vide pense, le milieu pense
Et tel un appel d'air
On tombe dans la sieste
Lorsque le travail ne fait pas penser.
Alors pour conclure
Je dirai tout simplement
Que la philosophie et la sociologie, la sémiologie doivent s'emparer de ce temps
En parler, faire des études
Et non plus uniquement l'économie.
De deux, je ne veux forcer personne à faire la sieste
Quand notre métier est penser, ce besoin ne survient pas forcément
Je désire juste que l'on libère ce temps
Par la pensée
Notamment pour tous les travailleurs à la chaine, et autres ouvriers
Et peut-être encore plus pour tous les rois du management, de l'action et de la stock option.
J'ai fait un rêve
D'un trader qui faisait une sieste de deux heures comme celles que faisait André Gide.
Et que le meilleur moyen de lutter aujourd'hui
L'arme que nous avons tous sans en avoir la conscience
C'est ce besoin de sieste
A lui seul, avec le temps qu'il prend
Qui nous est propre et singulier
Il pourrait déclencher une révolution
Si tout simplement on arrivait à penser que ne rien faire
C'est peut être faire plus.

--
"C'est moi qui suis là."
Tous sont dans leur droit.
- Ironie fervente. -
www.subfactory.fr/forum.html#thread/19769/1/1200464
Message n° 961680, posté à 08:31 le 15/02/2009  
Note
Avatar
labrin
so ?

--
"C'est moi qui suis là."
Tous sont dans leur droit.
- Ironie fervente. -
www.subfactory.fr/forum.html#thread/19769/1/1200464
Message n° 963495, posté à 12:04 le 16/02/2009  
Note
Avatar
valpi
zzzzzzzzzzzzzzz
maf
Je plaisante hein, c'est très bien ton texte. Instructif.

--
Sayonara, suckers!
Pages : 12345
Liste des sujets \ La sieste.

L'envoi de messages anonymes est désactivé. Veuillez vous connecter pour poster un message : Connexion
.