Le film tient tout son problème dans son propre sujet : c'est un film sur un foutu meme. Vraiment, je n'ai jamais vu film plus meta. Et c'est un fan de 22 Jump St et the This is the end qui écrit ces lignes.
Et le film passera donc beaucoup plus de temps à faire des clin d'oeil à ceux qui connaissent The Room (ce qui continue de représenter une minorité quand il s'agit du public de 1. un film avec James Franco 2. Un film avec Dave Franco 3. un film nommé aux Oscars) qu'à exister lui-même en tant que film.
C'est bien simple en fait, dés que le début du tournage commence, le film perd tout son intérêt et multiplie les caméos de la bande à Franco - Rogen. Ce qui suit est déjà vu, revu, rerevu, mais surtout Franco ne sait alors plus quoi faire, car il dépeint le portrait de cet homme en ne sachant jamais s'il doit lui chier dessus ou s'il doit le montrer comme un self-made man. Les deux facettes ne vivent jamais en même temps dans le même personnage, on a l'impression de voir deux Wiseau différents.
C'est un constat que je me suis surtout fait en voyant la dernière scène avec laquelle j'ai énormément de mal. Je ne prétends ni avoir la science infuse ni avoir été présent à la Premiere, mais comme le dit le panneau à la fin du film, Wiseau n'a pas connu cette notoriété et le film n'a pas eu son statut de culte avant 10-15 ans, et il a lui-même payé un cinéma pour qu'il soit diffusé. Toute la dernière scène est alors assez anachronique mais surtout, elle offrirait au personnage et à l'homme une célébrité et une certaine forme de reconnaissance immédiates qu'il n'a pourtant pas connues, selon toutes les informations que l'on a.
Et je sais bien, c'est un film, c'est romancé. Mais d'une certaine façon, Wiseau me fascine. Malgré sa folie, sa bizarrerie, et surtout, son tyrannisme. Il a fait tout ça seul. Entièrement seul. Et son film a beau être atroce, risible, et ridicule, il l'a fait seul. Ca me touche. Je trouve que raconter que le film est instantanément devenu culte et directement considéré comme un objet véritablement drôle amoindrit combien il a galéré et raconte en quelques sortes que son combat contre Hollywood s'est terminé avec cette soirée de la Premiere juste avant de dire en 2 lignes "mais eh, le film est devenu culte des années plus tard et il a payé un cinéma pour que son film soit diffusé". Cette happy end offre à Wiseau quelque chose qu'il n'a semble-t-il pas connu. Il n'a pas eu sa fin de cinéma avec The Room. Il n'a pas eu de happy end.
Et ce caméo post-gen renforce cette certaine schizophrénie puisqu'il semble dire "Wiseau est dans mon propre film, donc tout ce que je viens de faire est approuvé par un mec que je dépeins pourtant comme un grand mythomane". Un peu comme le comparatif "The Room / The Disaster Artist", sorte de "ouais ouais, j'ai montré Wiseau comme un fou furieux tyrannique pendant tout le tournage de son film, mais au moins regardez, j'éprouve un véritable amour pour The Room que j'ai reproduit à l'identique".
Restent un James Franco excellent, une première demi-heure vraiment bonne, et une énorme envie de s'intéresser à nouveau à Wiseau.

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J'AIME FINALLY

Holding out for a hero ?
*édité à 16:47 le 28/02/2018