La boutique de prêt-à-porter Dentley & Soper’s, son petit personnel versé dans les cérémonies occultes, ses commerciaux aux sourires carnassiers. Sa robe rouge, superbe, et aussi maudite qu’une maison bâtie sur un cimetière indien. De corps en corps, le morceau de tissu torture ses différent(e)s propriétaires avec un certain raffinement dans la cruauté.
J'ai aucun mal à comprendre ce que le film a tenté de faire, et ça ne m'étonnerait pas que beaucoup apprécient. Mais je suis passé complètement à côté.
Le truc, c'est que ça s'inspire tellement de films que je connais par coeur (Suspiria par exemple, ainsi que du Cronenberg) que ça m'a juste donné envie de revoir ces films, parce qu'ici, j'avais l'impression de regarder le délire auto-érotique en roue libre d'un réalisateur qui s'aime et qui aime ce qu'il fait, si bien que je n'arrivais plus à voir autre chose que son auto-fellation.
Ça m'est vite apparu comme insupportable, du cinéma de poseur qui se surkiffe, d'un ennui tellement profond que lorsque l'intrigue commence réellement, on est déjà endormi, et elle n'est pas assez captivante ou rythmée pour nous réveiller. Et c'est dommage, putain, parce que ça a de la gueule. Certains plans sont merveilleux, y a une ambiance 70s parfois géniale - le film semble même anachronique, dans le bon sens du terme, POUR DIRE - et j'ai beaucoup aimé la BO. Mais ce rythme, ces délires ridicules, ce scénario à la con, ce meltin-pot de thèmes d'un film qui se perd 100 fois et qui peine à se retrouver tout autant de fois, ces références ultra-appuyées d'un réal qui se contente de copier presque plan par plan plutôt que de réinventer......
L'autre chose, c'est que j'ai vu Le Daim y a deux jours. Impossible de ne pas voir un parallèle entre les deux, j'ai même envie de faire un montage pour coller les dialogues du film de Dupieux sur les images d'In Fabric. Je pense que ça a joué dans ma dépréciation du film et dans le ridicule que j'y ai senti.
Bref, j'aurais du mal à le conseiller, mais tout autant de mal à le déconseiller, sincèrement. C'est un ovni comme on commence à en voir de plus en plus (ce qui est une excellente chose) et avec lequel ça passe ou ça casse. Faites-vous un avis.
-- J'AIME FINALLY
Holding out for a hero ?
Message n° 4299090, posté par tenia à 12:38 le 22/03/2020
As-tu vu les précédents de Strickland, notamment Berberian Sound Studio ? C'est clairement dans la même lignée. Ce n'est pas tant qu'il aime ce qu'il fait, mais qu'il a un univers (notamment dans sa façon de gérer le design sonore) qu'il aime triturer dans tous les sens.
Cela étant, le film a, je pense, surtout un gros gros problème de structure qui m'a donné beaucoup de mal à m'intéresser aux personnages, vu qu'on en change trop souvent. Je pense que le film aurait été bien mieux avec un tiers de moins (ce qui rejoint ce que pensaient les producteurs du film qui ont beaucoup demandé à Strickland de tailler dans le gras car "trop de moments ne font pas avancer le film").
: L'autre chose, c'est que j'ai vu Le Daim y a deux jours. Impossible de ne pas voir un parallèle entre les deux, j'ai même envie de faire un montage pour coller les dialogues du film de Dupieux sur les images d'In Fabric. Je pense que ça a joué dans ma dépréciation du film et dans le ridicule que j'y ai senti.
Je comprends le rapprochement, mais les 2 films n'ont thématiquement et techniquement pas grand chose à voir, il me semble.
-- "To be is to do"-Socrate; "To do is to be"-Sartre; "Do Be Do Be Do"-Sinatra; Yippie ki yai, coffeemaker !
Message n° 4299099, posté par FP Unchained à 14:33 le 22/03/2020
: As-tu vu les précédents de Strickland, notamment Berberian Sound Studio ? C'est clairement dans la même lignée. Ce n'est pas tant qu'il aime ce qu'il fait, mais qu'il a un univers (notamment dans sa façon de gérer le design sonore) qu'il aime triturer dans tous les sens.
: Cela étant, le film a, je pense, surtout un gros gros problème de structure qui m'a donné beaucoup de mal à m'intéresser aux personnages, vu qu'on en change trop souvent. Je pense que le film aurait été bien mieux avec un tiers de moins (ce qui rejoint ce que pensaient les producteurs du film qui ont beaucoup demandé à Strickland de tailler dans le gras car "trop de moments ne font pas avancer le film").
D'autant qu'au final tu te retrouves avec deux moyen-métrages en un seul long qui fait que la césure au milieu passe extrêmement mal.
: Je comprends le rapprochement, mais les 2 films n'ont thématiquement et techniquement pas grand chose à voir, il me semble.
Bien évidemment. Je veux pas trop spoil l'un ou l'autre, mais tu as compris ce que je voulais dire par là, et ce que je me suis imaginé devant In Fabric, étant encore complètement immergé dans Le Daim
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Holding out for a hero ?
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Message n° 4299107, posté par tenia à 15:43 le 22/03/2020
: D'autant qu'au final tu te retrouves avec deux moyen-métrages en un seul long qui fait que la césure au milieu passe extrêmement mal.
Tout à fait. Surtout que les parties sont inégales, en particulier la 3e, ce qui fait que tu perds les premiers protagonistes et n'as pas le temps de t'attacher au suivant. Tout ça un peu sans raison.
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Message n° 4299108, posté par Gan à 16:06 le 22/03/2020
