: Quand l'orage éclate, ils ferment les fenêtres, d'où une impression d'enfermement encore plus forte, dehors la pluie rafraichit l'atmosphère, mais dans la salle la chaleur reste et le ventilo ne fait que la brasser. Le juré no 3 (le courtier) finit lui aussi par transpirer. Quand aux autres c'est auréoles et cie.
: Et c'est illustré à l'écran, il ne pleut pas encore, mais la luminosité baisse graduellement très très nettement sur le plan fixe des 10 autres jurés (59'30).
+1Ce jeu de lumière est remarquable.
Un autre truc, plus technique, lu sur la fiche wikipedia en english :At the beginning of the film, the cameras are positioned above eye level and mounted with wide-angle lenses to give the appearance of greater depth between subjects, but as the film progresses the focal length of the lenses is gradually increased. By the end of the film, nearly everyone is shown in closeup using telephoto lenses from a lower angle, which decreases or "shortens" depth of field. Lumet, who began his career as a director of photography, stated that his intention in using these techniques with cinematographer Boris Kaufman was to create a nearly palpable claustrophobia.
En gros Lumet a utilisé des focales croissantes pour augmenter le sentiment de claustrophobie. Pour moi la tension ne se relâche qu'au dernier plan, la sortie du tribunal avec cette impression d'immensité fraiche et lumineuse, lavée par la pluie.
Message n° 2598065, posté par Collioure à 15:10 le 17/01/2011
: Donc pour moi la chaleur reste et le sentiment de claustrophobie augmente. Avec la tension qui va de pair pour convaincre les 3 derniers jurés.
Je vois pas vraiment de tension réelle dans les trois derniers, voire même les six derniers.
Il y a les 2 "suiveurs" qui cèdent après un accès... de suivisme.
Les deux "logiques" 1 et 4 qui cèdent après une dernière bataille logique, mais on sent très clairement dans leur attitude qu'ils savent très vite qu'ils ont perdu.
Et les deux "sanguins" qui cèdent après une dernière bouffée, mais là aussi on la sent déjà vaine, convaincus qu'ils sont d'avoir perdu malgré leur dernière bouffée de rage.
D'ailleurs l'interaction provoquée par ces accès est très différente de celles du début.
Pour 10, ils quittent la table, et juré 4 lui signifie qu'on a compris, que c'est pas la peine d'en rajouter, et 10 cède aussitôt. Personne ne le rembarre ou ne réagit comme lors de ses accès précédents.
Et idem avec 3 dont l'accès final est limite traité par la pitié chez les autres, pas par de l'emportement comme au début.
-- Après avoir sauté sa belle-soeur et le repas du midi, le Petit Prince reprit enfin ses esprits et une banane. (SAINT-EXUPÉRY, Ça creuse) Vlan !
Message n° 2598066, posté par Collioure à 15:12 le 17/01/2011
: En gros Lumet a utilisé des focales croissantes pour augmenter le sentiment de claustrophobie. Pour moi la tension ne se relâche qu'au dernier plan, la sortie du tribunal avec cette impression d'immensité fraiche et lumineuse, lavée par la pluie.
Intéressant, on doit le ressentir en effet, ça doit faire graduellement disparaitre les arrières plans et carrément participer au truc. Super.
-- Après avoir sauté sa belle-soeur et le repas du midi, le Petit Prince reprit enfin ses esprits et une banane. (SAINT-EXUPÉRY, Ça creuse) Vlan !
Message n° 2598074, posté par Skerik à 15:19 le 17/01/2011
J'ai beaucoup aimé le huis-clos, le fait de ne rien savoir de l'affaire avant, la façon dont il pose l'ambiance et la personnalité de chacun des 12 jurés (ni trop, ni trop peu) et tous les rouages qui amènent chacun à modifier son vote. Merci pour la découverte.
*édité à 22:19 le 17/01/2011
Message n° 2598135, posté par Mobreizh à 16:24 le 17/01/2011
Je l'avais déjà vu, donc pas de surprise pour moi, mais c'est toujours agréable de revoir un grand film.
Pour une première oeuvre, Lumet frappe un grand coup. Dans le huis-clos, l'interprétation des acteurs est forcément essentielle. Henry Fonda apparait dans le film comme un chef d'orchestre qui va aider le jury à rendre sa partition avec des jeux d'acteur sans fausse note.
Pas grand chose à ajouter sur ce film, beaucoup de bonnes critiques ont déjà été publiées.
J'aimerais signaler quand même le film Garde à vue de Claude Miller qui, bien plus tard reprendra de manière aussi magistrale les éléments d'un bon huis-clos.
8.5/10
*édité à 13:26 le 18/01/2011
Message n° 2598143, posté par Baje à 16:31 le 17/01/2011
: Je me suis peut-être mal exprimé. Ils ont été convaincus, et ils se fichent d'apporter une réflexion supplémentaire à celle du procès pour être vraiment sûrs.
Bin au départ, oui. Quand Fonda parle pour dire qu'il est pas d'accord, j'en vois que trois qui s'en foutent complètement. Les autres écoutent et participent, s'intéressent et changent de camps au fur et à mesure.
-- Si être normal est d'usage, cela revient à abandonner toute chance de progrès. Qui veut être normal ?
Message n° 2598153, posté par AnTiX à 16:40 le 17/01/2011
Ca fait plaisir de revoir ce film, c'est vraiment un bijou d'écriture et de mise en scène. J'avais pas souvenir que les images étaient aussi belles.
Deux petits points négatifs : premièrement la musique, comme vous l'avez mentionné plus haut. C'est le seul élément qui a mal vieilli. Ça accentue évidemment des sentiments des sensations, mais c'est fait de manière trop évidente, ca grossit trop le trait, on perd en subtilité. Et puis il faut avouer qu'on est qd même loin d'avoir une bonne BO, utiliser de la sorte ca n'arrange rien.J'ai un peu du mal aussi avec les fondus, doit en avoir deux, qui sont très lent. Un au début avec le visage de l'enfant jugé qui passe sur la pièce du jury. Je trouve que ca a mal vieillit aussi. Ce procédé n'est plus utilisé de manière aussi poussé de nos jours et je trouve ca simplement dérangeant les deux images qui se superposent. C'est le genre de truc qu'on voit encore sur France 3 et ca m'horripile à chaque fois.
: Ça aurait été sympa que l'on découvre qu'au final, qu'il était bien coupable.
Ca aurait dénaturé complètement le film. Le but ici ce n'est pas de savoir s'ils ont tort ou raison. Mais bien d'être sur qu'on a prouvé que le gamin était coupable ou s'il y a un "reasonnable doute". Le gamin peut tout a fait être le vrai coupable (et le doute reste entier). Ce que le jury a démontré avec leur débat, c'est que les preuves apporter ne sont pas suffisante pour l'inculper. Elles ne sont pas suffisante non plus pour l'enlever de la liste des suspects, mais lorsqu'on doit prendre une telle décision (la mort d'un homme), il n'y a pas de place pour les préjugés ou sentiments. Ils ont simplement répondu à la question "A-ton prouvé que ce gamin a tué son père ?" "Non". Le fait qu'il soit réellement coupable ou non, n'est pas pertinent ici.
-- Je ne blogue plus, je micro-critique : http://www.vodkaster.com/RenSarr Rather than love, than money, than faith, than fame, than fairness... give me truth.
*édité à 00:13 le 18/01/2011
Message n° 2598176, posté par Batefer à 17:12 le 17/01/2011
Pour moi, c'est tout simplement LE film qui m'a fait prendre conscience de l'imperfection de notre système judiciaire (le nôtre, par extension de l'américain même si ils sont différents).
L'imprécision des témoins, la qualité relative des soi-disant "preuves" (le couteau), le travail bâclé de la défense, et bien sûr l'absence de recul et de remise en question de tout cela par les jurés. C'est effrayant, finalement, de se dire qu'on peut envoyer des innocents en prison sur la base de preuves qui n'en sont pas.
Après avoir vu ce film, je me suis toujours dit, et j'y pense souvent, que si j'étais juré un jour, je ne condamnerais quelqu'un que sur la base d'un ensemble de preuves absolument irréfutables. A la limite, je veux qu'on voit l'accusé se faire filmer en train de commettre le crime. Sinon, j'aurai toujours un doute je crois, et il est bien répété que le doute raisonnable est déterminant pour un acquittement.
Car je trouve infiniment plus grave d'envoyer un innocent en prison que de laisser potentiellement un coupable dehors. Et je sais que ce n'est pas un avis toujours très partagé... (voir les fameux "dommages collatéraux", ou plus prosaïquement on ne fait pas d'omelettes sans casser d'oeufs)
Bref, un film majeur, capital, à voir absolument, qui est la base d'une vision réaliste du système judiciaire, avec deux exemples notables dans le monde des séries : les trop méconnues The Jury et 100 Center Street, cette dernière du même Lumet.
Et surtout, ça n'a pas vieilli.
9.5/10
PS : En ce qui concerne la réal, Sidney Lumet a utilisé un peu la même technique dans Jugez-moi coupable, en faisant varier la hauteur des plafonds de la salle d'audience au fur et à mesure que le film avance.
-- je parles pas au cons sa les instruits
*édité à 21:20 le 17/01/2011
Message n° 2598189, posté par Baje à 17:21 le 17/01/2011
: Pour moi, c'est tout simplement LE film qui m'a fait prendre conscience de l'imperfection de notre système judiciaire (le nôtre, par extension de l'américain même si ils sont différents).
A quelle âge ?
-- Si être normal est d'usage, cela revient à abandonner toute chance de progrès. Qui veut être normal ?
Message n° 2598207, posté par Batefer à 17:42 le 17/01/2011
D'après mes archives, je l'ai vu pour la première fois quand j'avais 25 ans, même si j'avais probablement dû le voir en grande partie avant de lister mes films. Mais la première entrée pour ce film est à ce moment-là.
-- je parles pas au cons sa les instruits
Message n° 2598208, posté par Baje à 17:44 le 17/01/2011
J'ai du mal à m'imaginer prendre conscience de ce genre de choses grâce à un film pour ma part. Sauf si ça concerne un pays à l'autre bout du monde, des choses qui se sont passé il y a 500 ans etc...
-- Si être normal est d'usage, cela revient à abandonner toute chance de progrès. Qui veut être normal ?
Message n° 2598348, posté par linwelin à 19:42 le 17/01/2011
Dire que papa avait quasiment dû me coincer devant la télé, la première fois... Je l'avais adoré cette fois-là, y a un sacré moment.
Je l'ai revu il y a genre 2/3 ans, je crois, toujours en VF. Et hier en VO, donc, enfin.
Ce film me fait toujours autant d'effet. La tension, je la sens, et contrairement à certains d'entre-vous, je ne la sens pas baisser lors de l'arrivée de l'orage, mais au contraire monter, à cause de la moiteur de la pièce fermée que ne refroidit pas la pluie.
La photo, la réalisation, le jeu d'acteur, le scénario, tout me plaît dans ce film. Même la longueur des gros plans sur les hommes, vers la fin. Même les plans bizarres, comme ce plan où le juré le plus fervent (pour la condamnation) se tient sur la gauche alors que deux autres parlent vers la droite.
Sans conteste l'un de mes préférés.
9/10
-- I'm not questioning your honor, I'm denying its existence.
*édité à 07:38 le 24/01/2011
Message n° 2598354, posté par mpm à 19:49 le 17/01/2011
Alors, j'ai quasi pas lu vos commentaires pour ne pas que ca modifie ma vision, je vais les lire apres.
12 angry men
Grosse nouveaute pour moi, je ne suis pas sur d'avoir deja vu un film datant d'avant les 70es.
La difference en matiere de plan, realisation, jeu d'acteur est asses flagrante. Ca me rappelait mes cours de cinema, ou la plupart des plans, des angles, ont une signification particuliere. Comme certaines interventions des personnages, qui ne semblent etre presente que pour delivrer un message subtil. On est vraiment dans la representation/symbolisme toutes les 2 minutes j'ai l'impression (chose que je ne vois pas trop dans les films contemporain que je regarde).La scene final par exemple, ou on respire enfin a grand air, la pluie a disparu, les visages sont detendus detendus, tellement detendus.
Le scenario en lui meme me parait leger maintenant. J'imagine qu'il devait etre innovant a l'epoque, mais maintenant toutes les decouvertes qu'ils font pendant 1H30 tiendraient seulement sur 2 mins dans un episode de NCIS.
Ca en revient un peu au debat que c'etait lancer mon prf de cinema et mon prof d'art, le cinema est-il la pour faire de la representation, faire reflechir (avis du prof de cine), ou doit-il juste divertir a coup de blockbuster (avis du prof d'art). Je me retrouve un peu dans ce debat la maintenant.
L'histoire, est aussi asses atypique et ferait couler plus d'encre qu'un film de Nolan si il sortait maintenant j'imagine. Asses curieux de ne donner aucune reponse, et de n'avoir aucun twist (ce qui semble la grande mode des films contemporain).
(Pour l'avis personnel, le gosse est coupable pour ma part. Trop d'elements pointent dans sa direction. Mais j'ai un doute bien sur.)
Je ne regrette pas d'avoir vu ce film (meme si j'avais beaucoup d'a priori avant de le lancer), mais je sais que j'aurai la meme appréhension si je devais revoir un film de cet epoque.
Pour lui donner une note, j'ai un peu de mal. Je donnerai donc la moyenne 5/10, permettant aux indecis comme moi de ne pas trop se prononcer.
-- Je que vous l'homme de la situation. Et comment donc qui, je vous prie ?
*édité à 21:17 le 17/01/2011
Message n° 2598369, posté par klaxon à 19:56 le 17/01/2011
: Et les deux "sanguins" qui cèdent après une dernière bouffée, mais là aussi on la sent déjà vaine, convaincus qu'ils sont d'avoir perdu malgré leur dernière bouffée de rage.
Pour moi, j'ai trouvé que la fin signifiait la victoire du doute sur les préconceptions.
En soi, les plus difficiles à convaincre restent ceux qui campent sur leur position non pas pour des questions d'ordre technique, mais bel et bien parce que, derrière, il y a une préconception personnelle entravant leur jugement.
-- "To be is to do"-Socrate; "To do is to be"-Sartre; "Do Be Do Be Do"-Sinatra; Yippie ki yai, coffeemaker !